dimanche 18 novembre 2007

Nana Mouskouri fait ses adieux sur scène


La grande chanteuse grecque Nana Mouskouri est actuellement en train de faire ses adieux sur scène...
Lors de cette dernière tournée elle donnera aussi un concert à Esch-sur-Alzette le 18 novembre. Hier elle nous a confié ses futurs projets. Elle a également jeté un regard en arrière sur une riche carrière de plus d'un demi-siècle.


Tageblatt: Comment allez-vous? Nana Mouskouri: „Ça va très bien. Merci. Depuis deux ans je suis en tournée d’adieux. Comme je tiens beaucoup à mon public, je veux revoir le plus grand monde possible et donner des concerts sur tous les continents.“„

T“: Et quand comptez-vous paraître sur scène pour la dernière fois? N.M.: „L’été prochain je donnerai mon dernier concert, à Athènes en Grèce.“„

T“: Mais avant, vous allez chanter devant le public luxembourgeois à la Rockhal à Esch-sur-Alzette. Connaissez-vous le Luxembourg? N.M.: „Je suis venue à Luxembourg à plusieurs reprises. Mais cela fait au moins six ans que je n’y ai plus donné de concerts. Par contre, je ne suis encore jamais venue à Esch.“

„T“: Vous avez annoncé que ce concert sera un concert bénévole. N.M.: „Oui, le concert au Luxembourg sera un de trois concerts bénévoles en faveur des victimes des incendies récents en Grèce. Tant de gens ont trouvé la mort. Les dégâts sont terriblement importants. La reconstruction prendra des années et des années. Les gouvernements font ce qu’ils peuvent. Surtout notre gouvernement grec a fait beaucoup d’efforts. Mais à mon avis on ne peut pas laisser toute la responsabilité aux politiciens, chacun d’entre nous peut apporter sa contribution. Donc moi, je chante. De toute façon, j’ai toujours eu le besoin de m’engager et de partager mon succès. Le public m’a donné énormément et je veux à mon tour soutenir ceux qui ont en le plus besoin. Surtout le destin des enfants me tient beaucoup à coeur. M’engager socialement et politiquement est une obligation pour moi. J’étais, comme vous le savez, députée du Parlement européen de 1994 à 1999.“„

T“: Comment en êtes-vous arrivée là? Et pourquoi avoir choisi le Parti populaire européen? On vous aurait classée plutôt à gauche ...N.M.: „Pour moi, ce ne sont pas les groupes politiques, mais les hommes qui importent. Un ami, que j’aime beaucoup, Constantinos Karamanlis, l’oncle de notre premier ministre actuel, m’avait demandée de représenter la Grèce au Parlement. Comme presque tous les pays du Sud, la Grèce avait du mal à s’orienter dans la Communauté européenne. Il m’avait priée d’aider notre pays à trouver sa voie en Europe.“„

T“: Mais vous avez quitté le Parlement après une période législative seulement. Pourquoi?N.M.: „J’ai beaucoup appris pendant mon travail au Parlement. Cela m’a ouvert de nouvelles perspectives sur pas mal de choses. Mais quand on n’a pas de vocation politique ce n’est pas facile. La politique n’est pas mon métier. Je suis une artiste, je donne du soutien et de l’espoir, mais je ne peux pas apporter de solutions. Ce sont les politiciens qui font cela.“
„T“: Enfin, qui devraient ...?

N.M.: „Oui, ils essaient, mais je ne veux pas critiquer les politiciens. Ils ont beaucoup de travail, ils ne peuvent pas s’engager directement pour les projets sociaux.“

„T“: C‘est la raison pour laquelle vous avez quitté la politique?

N.M.: „Oui. Mais je m’occupe de ma fondation, ’Focus on hope’, qui aide les enfants dans le besoin, et je suis envoyée spéciale de l’Unicef depuis 1993. Les projets que je réalise dans ce cadre me donnent plus de satisfaction, parce que je peux aider directement. Nous travaillons en équipe pour des milliers d’enfants qui ont besoin de notre aide.“

„T“: Parlez-moi d‘un projet actuel.

N.M.: „Avec Doris Pack, députée au Parlement européen d’ailleurs, nous soutenons une école en Bosnie. C’est une école multiethnique qui accueille les enfants de toutes nationalités. Cette école correspond parfaitement à mes convictions. Je suis persuadée qu’il faut soutenir l’éducation et l’échange des différentes cultures. Afin de soutenir cette école je donnerai également un concert bénévole, le 15 novembre à Sarrebruck.“

„T“: Sur quel aspect centrez-vous votre engagement?

N.M.: „C’est l’éducation. Sans éducation, personne ne peut comprendre l’autre. Une ignorance dangereuse peut s’installer. Si les gens ne sont pas éduqués, ils ne peuvent pas communiquer. Et je ne parle pas seulement de l’importance de parler plusieurs langues, mais aussi de la nécessité d’une connaissance ample et d’un savoir diversifié. C’est seulement ainsi qu’on arrive à connaître et à comprendre les autres. Il faut de la justice, pas d’extremismes. Même si je suis optimiste, il reste beaucoup à faire pour la compréhension internationale.“

„T“: Qu’est-ce qui manque le plus?
N.M.: La culture a quitté un peu le monde. Et c’est grave. La culture est importante, parce qu’elle transmet le respect, la discipline et la tolérance. Je ne veux pas critiquer les politiciens, mais je trouve inacceptable ce qui se passe en ce moment en Europe. Les politiciens ne s’occupent pas assez de la culture. Le monde est dirigé par le pouvoir économique. L’âme du monde, ce n’est pas l’économie, mais la culture.“

„T“: Vous vous référez à l’actualité politique?

N.M.: „Oui, aussi. Un exemple: on oublie qu’il y a beaucoup de pays qui ont l’arme nucléaire. Tout le monde est préoccupé par l’Iran et on oublie qu’il s’agit d’un problème mondial. Si ce n’était pas l’Iran, ce serait un autre pays. Pendant ma carrière j’ai eu l’occasion de connaître beaucoup de pays et j’ai appris beaucoup de langues. Cela m’a permis de partager des valeurs de culture différentes. Il faut de la diversité dans le monde.“

„T“: Cela rappelle le slogan européen: unis dans la diversité.

N.M.: „Oui, parfaitement. J’ai réussi à me créer un monde à moi avec une grande diversité, mais sans perdre mon identité grecque. L’Europe est en train d’apprendre à respecter et à aimer cette diversité offerte par les différents pays.“

„T“: A propos du respect et de l’amour: dans un article de l’hebdomadaire allemand „Die Zeit“ vous dites que vous aviez toujours eu un impératif besoin de respect, d’amour et de sécurité. Vous parlez au passé. Ce besoin est-il satisfait aujourd’hui?

N.M.: „Le besoin est toujours là et il restera toujours là. On commence par avoir un besoin, le besoin d’être écouté par exemple. Et puis, en éprouvant ce besoin, on écoute aussi les autres. C’est d’ailleurs le besoin de l’amour de mon public qui me fait toujours chanter et non pas une motivation rationnelle. Et l’amour n’est pas quelque chose qui, une fois atteint, est ’dans la poche’. Il faut l’entretenir. La sécurité vient grâce à l’amour que je reçois de mon public. Je lui dois beaucoup, je l’aime et je le respecte.“

„T“: Et vice versa. Vous avez une popularité comparable à celle des „Rolling Stones“ par exemple. Vous allez manquer à votre public.
N.M.: „Et il va me manquer. Mais j’aimerais annoncer la sortie de deux nouveaux disques. Le premier est en français et s’appelle ’Les plus belles chansons’. Il comprendra mes plus grands succès mais également dix nouvelles chansons. Et le deuxième, vraiment mon dernier, le nom le dit d’ailleurs, ’Ultimum’ sera en anglais. En plus, j’ai écrit une biographie intitulée ’Mémoires’.“

„T“: Mais avant il y aura encore le concert à Esch-sur-Alzette. Chanterez vous aussi en luxembourgeois?

N.M.: „Oui, si vous m’aidez à trouver une chanson. Une vielle chanson que tout le monde connaît, que vous avez chanté avec vos parents.“

„T“: Dernière question: quel est votre voeu pour l’avenir?

N.M.: „Mon dieu, si on pouvait avoir la paix, que les guerres cessent, que tout le monde puisse manger à sa faim et que les enfants aient un meilleur avenir. C’est ce que je peux souhaiter au monde.“


Source: Tageblatt (presse luxembourgeoise)


Nana Mouskouri & I Muvrini

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